Prédication du 05 juillet 2020

Texte : Matthieu 11 : 25-30
Matthieu, un juif instruit, est totalement imprégné des prophéties. Dans ces 5 versets de
Matthieu 11, Il s’agit là aussi d’un oracle. Une proclamation à haute voix, contrairement à son habitude où
Jésus « se met à l ‘écart pour prier son Père ». Ici, pas question de prière à l’écart car il faut que tout le
monde entende : Dans ce court discours, Jésus s’adresse en fait à 3 interlocuteurs différents :

Les choses cachées

En premier lieu, à son Père : « Seigneur du ciel et de la terre, je te dis merci. En effet, ce
que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as fait connaître aux petits. »pdv
Mais quelles sont ces « choses » ? Il faut revenir un peu en arrière :
Au chapitre 10, Jésus envoie ses disciples vers les « brebis perdues d’Israël » pour leur dire
« Repentez-vous, le royaume des cieux s’est approché de vous », il les prévient : ils risquent d’être
maltraités dans les synagogues. Lui, il va dans les villes de Galilée, faisant des miracles, annonçant qu’il
est le Fils de Dieu qui donne la Vie, mais ces villes ne le reconnaissent pas comme Seigneur et ne se
repentent pas.
Jésus exprime dans cette oraison, la leçon qu'il tire de cet échec face aux élites de ces villes au
cœur endurci. En revanche, son succès devant les  petits, les enfants, explique sa phrase : Dieu, par
Jésus, révèle aux « petits » ce qu’il tient caché aux sages : L’ordre naturel du Monde est bouleversé : les
exclus ce ne sont plus les petits, les humbles, le bas peuple, mais les sages, les intelligents, détenteurs
du pouvoir.
Classiquement, la sagesse et l’intelligence sont, dans la Bible comme ailleurs, citées comme
des vertus. Ici, utilisée négativement par Jésus, dans sa pratique habituelle d’inverser les valeurs,
l’expression vise non pas la connaissance elle-même, mais l’orgueil de la connaissance.
La sagesse est le caractère de ce qui demeure traditionnel, classique, éloigné des audaces,
des outrances (Larousse). En philosophie la sagesse est un concept utilisé pour qualifier un
comportement souvent conforme à une éthique, et qui s’appuie sur une connaissance raisonné.
Par contre dans la bible il est dit en 1 corinthiens 3/19 que la sagesse de ce monde est une folie
devant Dieu. C’est pourquoi Dieu nous parle, non avec des discours qu’enseigne la sagesse humaine,
mais avec ceux qu’enseigne l’esprit, employant un langage spirituel pour les choses spirituelles (1 cor
2/13). Le monde ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui, et il ne peut
les connaître, parce que c’est spirituellement qu’on en juge (1 cor 2/14).
Nous voyons donc que ce qui est sage aux hommes est fou pour Dieu et ce qui est fou aux
hommes est sage pour Dieu. Le monde et Dieu marchent dans deux directions opposées car le monde
entier est sous la puissance de Satan (1 Jean 5/19).
Si le monde vous trouve fous parce que vous avez des comportements qui s’appuient non sur
la raison humaine mais sur la Parole de Dieu c’est-à-dire la Bible, alors vous êtes sages pour Dieu. C’est
pourquoi la Bible nous dit dans 1 Corinthiens 3.18 que si quelqu’un parmi vous pense être sage selon ce
siècle, qu’il devienne fou, afin de devenir sage. Cela nous montre qu’on ne peut pas vivre selon les
normes du monde et dire qu’on est sage pour Dieu. Et si vous  êtes sage pour Dieu, le monde vous
trouvera forcément fou.
Je ne suis pas entrain de dire que les lettrés, les sages et riches seraient en tant que tels
exclus du projet du salut de Dieu : Non, ce sont eux-mêmes qui s’excluent du message de salut du
Christ, car ils raisonnent, ils privilégient le savoir sur le croire, en tirent une « légitime » autosatisfaction et
de fait celui qui dira « moi, je sais », « tu ne peux rien m’enseigner »avec le mépris et l’orgueil qui
convient, dominera toujours celui qui dira «  moi, je crois ».
Et l’apôtre Paul résume très bien ce dont il s’agit, en1 Cor 8, 1. :
«La connaissance enfle, mais l’amour édifie. Si quelqu’un croit savoir quelque chose, il n’a pas encore
connu comme il faut connaître. Mais si quelqu’un aime Dieu, celui-là est connu de lui.»
Le ministère public de Jésus, à tous vents, dans les maisons et sur les places, d’une ville à
l’autre, accueillant quiconque vient à lui, librement et sans condition ni formation préalable, va
radicalement à l’encontre de cette règle qui régit le monde depuis la nuit des temps : Le pouvoir détenu

par ceux qui savent au détriment de ceux qui ignorent. Son message, qui crée une brèche dans
l’organisation sociale, atteint ceux qui, en d’autres cercles ou selon les mœurs sociales de l’époque, en
auraient été d’emblée exclus. Voilà qui renforce encore l’idée que la Bonne Nouvelle s’adresse à tous, est
capable de toucher et d’atteindre quiconque l’écoute, sans exclusion, qu’il fasse ou non partie des «
sages » et des « intelligents » selon les normes édictées par nos sociétés.
Le fils du Père

Par la suite, Jésus réaffirme publiquement sa nature divine et la puissance qui l’accompagne : « Mon
Père m’a tout donné. Personne ne connaît le Fils, sauf le Père. Personne ne connaît le Père, sauf le Fils.
Mais le Fils veut montrer le Père à d’autres pour qu’ils le connaissent aussi.  », mais en même temps, il
loue Dieu, qu’il appelle « Seigneur du ciel et de la terre » de l’accomplissement de son plan, Jésus ne se
présente là que comme un exécutant, montrant ainsi que lui aussi pratique l’humilité qu’il prêche.
Puis il proclame : « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils et celui à qui le Fils veut le
révéler. » Il nous faut admettre que connaître Dieu nous est inaccessible, par nos recherches, nos études
ou prétentions religieuses. Jésus est la seule voie d’accès pour nous le faire connaître, et cette voie
d’accès passe par la croix, devant laquelle chacun est invité à s’incliner.
Jésus, en disant que son Père a révélé l’évangile de la bonne nouvelle aux enfants et non aux
sages, nous rappelle que cette révélation de Dieu, dont nous parle toute la Bible, n’est pas une affaire de
religion ou de connaissance de catéchisme ou d’études théologiques même si les Écritures peuvent être
elles aussi, un chemin pour rencontrer Christ. Mais cet Évangile est d’abord une grâce, un don de Dieu.

Venez à moi

Et nous en venons à la fin de son oraison. Jésus se tourne vers « les plus petits de [ses] frères
», comme il le dira en Matthieu 25 en évoquant ceux qui ont faim, ceux qui sont des étrangers, ceux qui
n’ont ni habits ni maison, ceux qui sont malades, ceux qui sont en prison. Jésus s’adresse à nous tous, et
nous appelle : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. »
Jésus nous appelle dans nos faiblesses, dans nos pauvretés.
Mais le discours qui suit est étrange : v 29 « Je ne cherche pas à vous dominer. Prenez donc,
vous aussi, la charge que je vous propose, et devenez mes disciples . Ainsi, vous trouverez le repos pour
vous-mêmes.», car il parle aussitôt de nous charger d’un joug nouveau. Jésus nous dit en somme, dans
un premier temps : « Venez à moi, vous tous qui peinez, vous tous qui êtes surchargés, vous tous qui
êtes tendus dans l’effort religieux, dans la crainte et l’angoisse de vivre comme de mourir. Vous tous qui
êtes brisés par la vie, par la maladie. Vous tous qui vivez dans la peur ou l’amertume. Vous tous qui
n’avez pas ou plus d’espérance. Vous tous qui n’avez pas d’amour, c’est-à-dire qui n’êtes pas aimés ou
qui n’arrivez pas à aimer. Venez à moi, et je vous permettrai de souffler. Je vous donnerai le repos, la
paix intérieure. Et vous retrouverez vos forces. Vous repartirez gonflés à bloc.
Oui, mais aussitôt après, Jésus nous dit : « Donc, vous allez pouvoir reprendre du service. Vous
pourrez prendre mon joug sur vous. Car vous n’êtes pas fichus. Vous n’êtes pas finis. Il y a encore un tas
de choses à faire, qui vous attendent. Prenez mon joug sur vous et je vais vous conduire, je vais vous
apprendre le métier de fils, le métier d’enfants de Dieu. Vous verrez que je suis doux et humble de cœur.
et vos âmes seront rassasiées. » Ce n’est donc pas à un repli que Jésus nous appelle en nous donnant
son repos, mais à une ouverture, une aventure à vivre avec Lui.
Voilà ce qu’il y a derrière ces paroles de Jésus, étonnantes et inattendues. Et là se trouve peut-
être le secret de cet évangile, de cette bonne nouvelle. Pour nous décharger de nos poids impossibles,
Jésus ne trouve d’autre remède que de nous charger d’un poids supplémentaire qui est le sien. Mais il est
léger, dit Jésus. Sans doute parce qu’il le porte avec nous. Qu’il marche avec nous. Et que nous savons
que le chemin que nous suivons avec lui est celui qui conduit au Royaume de Dieu.

Conclusion

Déposer nos poids trop lourds, c’est aussi accepter que les remords ou les regrets que l’on
porte dans notre sac n’encombrent plus notre avenir. Dieu a décidé une fois pour toutes, par le pardon
qu’il nous donne de nous en débarrasser et d’en porter pour nous tout le poids. Il a décidé que le passé
ne devait plus être un obstacle. Il se charge lui-même d’en assumer le poids et il place devant nous des
projets qui font vivre. C’est cela qu’on appelle l’espérance. L’espérance, c’est la puissance de vie que
Dieu met en nous et avec laquelle nous construisons notre destin. Amen

Une prédication du PPDP KENFACK Raymond

By PPDP WAMBA Raymond

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