Textes : 2Rois 4. 42-44 ; Jean 6 : 1-15
Dans l’Evangile de Jésus-Christ selon Saint Jean au chapitre 6 : 1-15, Jean nous rapporte le
miracle de la multiplication des pains. Le miracle de la multiplication des pains est le seul miracle de notre
Seigneur raconté par tous les quatre Evangiles. C’est dire l’importance de ce miracle dans les Evangiles.
Jésus le Fils de Dieu et le Sauveur du monde n’est-il pas le pain de Dieu qui descend du ciel et
qui donne la vie au monde ? Selon le récit de Jean, Jésus venait de séjourner à Jérusalem, séjour
marqué essentiellement par la guérison d’un homme malade depuis 38 ans, laquelle guérison a suscité
des discussions parce que le Seigneur l’a opérée le jour du Sabbat. Ces discussions ont d’ailleurs abouti
au rejet de Jésus par les Juifs avec qui il discutait. Après ce séjour à Jérusalem, Jésus est rentré en
Galilée, de l’autre côté de la mer de Galilée. Mathieu et Marc précisent que c’était à l’écart dans un lieu
désert. Jésus s’est donc retiré à l’écart sur une montagne avec ses disciples qui, rentrant de la mission,
avaient besoin de repos. Mais les foules qui avaient vu Jésus opérer des miracles ne les ont pas laissé
souffler. A peine le Seigneur s’est-il assis avec ses disciples qu’il constate que leur devanture est bondée
de monde. Mathieu, Marc et Luc disent même que ces foules ayant vu Jésus s’éloigner dans une barque
le précédèrent à pied là où il devait s’arrêter.
A la vue de la foule, Jésus eut compassion d’elle, l’enseigna et guérit les malades, puis
demanda à Philippe où lui et les autres disciples pouvaient trouver des pains pour nourrir ces gens ? Mais
Jean s’empresse d’ajouter, « Jésus voulait tout simplement éprouver Philippe Car il savait ce qu’il allait
faire » Ce qui est tout à fait évident car Jésus, Dieu devenu homme, savait bien qu’il y avait là sur place
cinq pains d’orges et deux poissons et que pour lui, c’était suffisant pour nourrir une multitude. André, lui,
dans un raisonnement tout à fait logique au point de vue de l’homme dit qu’ils ont deux cent deniers mais
que cette somme est insuffisante pour nourrir autant de gens. Dans l’Evangile de Jean c’est Jésus qui le
premier se préoccupe de la nutrition de la foule alors que dans les autres évangiles ce sont les disciples
qui, en voyant qu’il faisait tard ont prié le Maître de renvoyer la foule pour qu’elle aille se ravitailler dans
les villages avoisinants. Mais Jésus a refusé cette proposition et a dit à ses disciples de leur donner eux-
mêmes à manger.
Il leur demanda alors de les faire asseoir sur l’herbe verte. Ceci étant fait « Jésus prit les pains,
rendit grâces, et les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des poissons, autant qu’ils
en voulurent.
Le geste de Jésus n’est pas un geste magique, c’est tout simplement le geste ordinaire que
n’importe quel chef de famille juive pieux faisait avant le repas : la prière d’action de grâce. La seule
différence avec la prière que les juifs faisaient avant le repas c’est que Dieu a multiplié cinq pains pour
rassasier cinq mille hommes sans compter les femmes et les enfants. Et même douze paniers de
morceaux ont été recueillis. Ces douze paniers, tout en démontrant l’abondance de la nourriture
distribuée, symbolisent ainsi aussi que « l’œuvre de Jésus, qui au-delà de ses bénéficiaires, s’étend à son
peuple tout entier. » D’autre part l’action de Jésus s’inscrit en droite ligne dans la continuité de ce que
Dieu a fait dans l’Ancien Testament.
Dans l’Ancien Testament en effet, nous avons appris que le prophète Elisée nourrit cent
personnes avec vingt pains et quelques épis. Jésus, le Messie, le Médiateur entre Dieu et les hommes, le
Sauveur du monde accomplit le même miracle mais sur une plus grande échelle. Après avoir mangé, la
foule satisfaite reconnut en Jésus le prophète qu’elle attendait. Mais leur manière de comprendre la
fonction de Jésus était erronée. Pour ces gens, Jésus, le prophète des derniers temps devait devenir leur
Roi afin que, non seulement ils aient continuellement du pain à manger sans effort, mais aussi pour
prendre la tête d’une armée de libération afin de chasser les romains qui colonisaient la Palestine à
l’époque.
Jésus, sachant qu’ils allaient l’enlever pour le faire Roi, se retira de là. Il refusa ainsi d’assumer
la royauté comme la foule l’envisageait. Son royaume n’est pas d’ici bas. Jésus avait déjà refusé de
recevoir la royauté des mains de satan, l’usurpateur. Ici il refuse de la recevoir des mains des hommes.
C’est Dieu qui le fait Roi et non un quelconque décret humain.
Et maintenant, qu’elles leçons retenir de ce miracle du Seigneur ?
1- La première leçon, nous l’avons déjà relevé. Tous les miracles de Jésus le Christ sont des
signes. En nourrissant cette foule abattue et affamée, il montre qu’il est vraiment l’Emmanuel
c’est-à-dire Dieu avec nous, Dieu au cœur de la réalité quotidienne des hommes. Ainsi,
pendant ces temps de misère économique, nous pouvons compter sur lui. Confions-nous en lui
et il nous nourrira de la nourriture spirituelle qu’est sa parole et de la nourriture matérielle qu’est
le pain.
Commentant les six récits de multiplications des pains que contient le Nouveau Testament Jean
Calvain aboutit à la conclusion que ces récits montrent la générosité du Dieu créateur accordant en
abondance le pain quotidien. « Christ, jusqu’à présent, s’était employé à nourrir les âmes ; maintenant
c’est en son office de pasteurs jusqu’à avoir soin même des corps. »
Comme Dieu nourrit son peuple avec la manne, il peut encore nous nourrir au jour où nous n’avons
plus rien à manger, si dans le monde les ressources étaient équitablement réparties, dans nos marmites
et rien de garder dans nos greniers.
2- La deuxième leçon qui ressort de ce récit est la suivante : la chrétienté du 21 ème siècle doit
veiller à ce que personne, dans son sein d’abord et en dehors de son sein ensuite ne manque
de quoi que ce soit, surtout pas de quoi se nourrir.
Dans Matthieu et Luc, Jésus dit à ses disciples : « Donnez-leur vous-même à manger ». Peuple de
Dieu donnez vous-mêmes à manger aux affamés de notre nation. Ceci signifie pour nous que nous
devons partager le peu que nous avons avec ceux qui sont dans le besoin. Il n’est pas possible de se dire
chrétien, disciple de Christ et de s’installer égoïstement dans ses biens, les réservant uniquement pour
soi et ses enfants tout en laissant mourir de faim ceux qui nous entourent. Nous avons souvent tendance
à faire trop de calcul : ce que j’ai peut suffire à moi-même et à mes enfants pour que je puisse me mettre
à m’occuper des autres. Avec ce qui reste de mon maigre salaire plusieurs fois coupé (peut-être) peux- je
encore donner quelque chose à quelqu’un ? Les affaires ne marchent plus comme avant. Ne serait-ce
pas un suicide pour moi que de me mettre à partager le peu de ressources qui ne suffisent même plus
pour ma famille et moi-même ! C’est comme ça que nous calculons. Mais en calculant ainsi, nous
oublions que Dieu reste Tout Puissant pour nourrir les affamés. Notre foi doit nous amener à la
conclusion suivante : Dieu qui a nourri son peuple au désert avec la manne pendant quarante ans ne peut
pas nous laisser mourir de faim.
Le jeune garçon a bien compris que le Seigneur Jésus peut tout. C’est pour cela qu’il a donné toute
sa provision de pains et de poissons sans hésiter et Jésus l’a utilisée pour nourrir plus de cinq mille
personnes.
Chers frères et sœurs dans la foi, partageons le peu que nous avons avec ceux qui n’ont rien. Non
seulement, le Seigneur va le multiplier, mais il va fructifier ce qui reste. Il est vrai qu’en donnant à Dieu il
ne devient pas notre débiteur. Ne pensons pas un seul instant qu’en donnant des dons à Dieu il devient
notre débiteur ; cependant, sachons qu’il ne peut pas nous laisser affamer. C’est la vérité !
Dans la quatrième demande du « Notre Père », nous disons : « Donnes-nous aujourd’hui notre pain
de ce jour. » (Matthieu 6 :11). Si nous le disons avec foi, il nous écoutera et nous répondra.
Aujourd’hui, le fossé est plus profond que jamais entre ceux qui ont à manger et ceux qui n’ont
rien. Si nous avons partagé nos maigres provisions avec les démunis, nous devons dénoncer ce
scandale tant au niveau de notre peuple qu’au niveau des relations Nord-Sud. Si tout ce que produit la
terre était réparti entre tous ceux qui habitent la terre, il ne devait pas y avoir des gens qui meurent à
cause des excès de table et d’autres qui meurent de famine.
Si au sein de notre peuple camerounais tout entier, les ressources étaient équitablement
réparties, il n’aurait pas d’un côté des clochards au regard absent et de l’autre des riches aux cous pliés
et des corps abîmés par des excès de graisse.
Chers frères et sœurs en Christ, secourons les détresses physiques et spirituelles des hommes,
nos contemporains, et appelons tous ceux qui ont des moyens à faite autant afin que personne ne meurt
plus de faim ou de manque de soin, ou d’excès de table. Amen
By. Rev TENEFOPA Mathieu