Texte : Jean 13 : 31-35
« Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous
ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ».
Dans l’Evangile de Jésus-Christ selon saint Jean du chapitre 13 au chapitre 17 verset 26, nous
avons les dernières paroles de notre Sauveur Jésus-Christ, mais le message que nous avons ce
dimanche sortira de Jean 13 : 31-35. Avec ces versets, nous sommes revenus en plein au temps du
carême et de la pâque juive. Nous allons donc revoir certains aspects de ces moments ô combien riches
en enseignement et surtout qui ont permis à Jésus d’achever sa vie sur la terre en même temps qu’il a
donné ses derniers enseignements à ses disciples avant de mourir sur la croix pour nous sauver de nos
péchés.
Avant de manger la pâque juive qui rappelait aux juifs leur libération de l’esclavage en Egypte,
Jésus va laver les pieds de ses disciples. Ce geste est une grande leçon d’humilité qu’il leur enseigne, car
alors qu’entre eux ils se disputent pour savoir qui est le plus grand, Jésus prend la place de l’esclave qui
n’avait aucune valeur dans une maison et leur lave les pieds, y compris ceux de Judas Iscariote son traître.
En lavant donc les pieds de ses disciples, Jésus se rend esclave de ses disciples et il demande à ceux-ci
de l’imiter s’ils veulent être réellement ses disciples.
Pendant ce temps, Judas a dans son cœur d’autres intentions. Pour lui, malgré tous les égards
du Maître à son endroit, il faut qu’il disparaisse car il a raté sa mission. En effet, on attendait que Jésus
prenne la tête d’une armée de libération pour chasser du pays d’Israël les Romains qui dominaient les
Juifs à cette époque-là. Mais Jésus n’était pas venu pour cela. Il ne pouvait donc pas contenter les Juifs
dans ce sens, surtout les extrémistes. Ainsi donc, parce qu’il n’était pas venu pour la guerre, malgré qu’il
va tremper le pain avant de donner à Judas, il ne changera pas d’avis, mais il va sortir pour aller trahir le
Maître ; il va s’empresser d’aller accomplir sa mission. Pourtant en trempant le pain avant de le donner à
Judas, Jésus voulait honorer ce dernier. On pourrait voir aussi dans ce geste un ultime appel à judas pour
l’amener à changer d’avis. C’est pour cette raison peut-être que dans son commentaire, Jean en tant que
témoin occulaire et disciple de Jésus-Christ estime qu’après la réception du morceau trempé l’on ne peut
être capable d’agir comme Judas qu’en étant sous l’influence de Satan. Quoi qu’il en soit « la part prise
par satan dans la décision de Judas de trahir son Maître ne diminue en rien la responsabilité du disciple »
qu’était Judas. Un disciple de confiance car il était même le trésorier du groupe des disciples. Quant à
Satan, il veut voir la mission de Jésus échouée par sa mort afin que le plan de Dieu échoue également.
Malheureusement pour lui comme pour Judas, ils ignorent que la mort de Jésus fait partie intégrante du
plan de Dieu. Il faut qu’il meure pour que le monde soit sauvé de ses péchés.
Jésus ne meurt donc pas de manière inopinée. Les prophètes avaient déjà prévu la mort de
notre Seigneur et il savait que sa mission finirait par une mort certaine. Telle que se déroulait sa vie,
Jésus savait très bien que Judas sous l’influence de satan allait le trahir et il pouvait intervenir pour
changer le cours des évènements, mais comment accomplirait-il sa mission qui consistait à se sacrifier
pour que nous ayons la vie ?
L’acte de Judas qui consiste à trahir Jésus pour qu’on le tue est un pas vers la mort tragique de
notre Sauveur mais aussi vers sa glorification. En effet, Jésus comme fils de l’homme va être glorifié dans
le cœur de ses disciples qui ont reconnu en lui l’envoyé de Dieu et leur Maître. En même temps, en
accomplissant l’œuvre de la rédemption par la mort sur la croix, il a glorifié Dieu par son obéissance à lui
sans réserve. A son tour, Dieu en le ressuscitant des morts, le glorifiera en l’admettant dans la gloire qu’il
avait auprès de lui, cette gloire qui est son essence divine. Jésus est assuré qu’à cause de son
obéissance à Dieu il ne pourra en être autrement. Le Seigneur est à quelques pas de la mort et il continue
d’aimer ses disciples sans condition. Son amour pour eux l’amène à les appeler « mes petits enfants » à
l’instar des rabbins, ces enseignants de la loi qui appelaient ainsi leurs élèves.
L’heure de la séparation définitive est proche et il leur donne un commandement nouveau. Le
commandement d’amour. « Aimez-vous les uns les autres ; comme je vous ai aimés, vous aussi,
aimez-vous les uns les autres ». En effet, c’est dans la mesure où les disciples s’aimeront sans
condition que les gens connaîtront qu’ils sont ses disciples.
Dans l’ancienne alliance, le commandement d’amour existait (Lév 19 : 18) mais aimer comme
Jésus a aimé, aimer au point d’offrir sa vie pour tous y compris ses ennemis, voilà qui est révolutionnaire.
Pour Luther, il est nouveau parce qu’il renferme les autres commandements ; pour Jean Calvin, il est
nouveau parce que Jésus l’a renouvelé ; pour Augustin, il est nouveau parce qu’il renouvelle l’homme ;
pour Olshausen, il est nouveau parce qu’il est toujours nouveau. « Aimez-vous les uns les autres… »
Alors qu’aucun Juif n’a dressé devant le peuple de Dieu un modèle aussi élevé, aimer tous les hommes, y
compris ses ennemis, Jésus meurt sur la crois pour toute l’humanité.
Frères et sœurs en Christ, désormais nous devons aussi aimer nos prochains d’un amour qui
s’inspire de celui du Seigneur Jésus, c’est-à-dire qui conduit au don suprême, le don de sa vie pour ceux
qu’on aime. Un pareil amour rendra les chrétiens forts et unis et conduira les non-croyants à croire en
Christ. Jésus a été un exemple vivant de l’amour de Dieu pour un monde hostile à lui et les uns à l’égard
des autres. Imaginez-vous qu’un monde comme le nôtre change en un monde où l’amour est au centre
de toutes les préoccupations. L’entente, la concorde et la paix ne seraient-elles pas une réalité ?
Malheureusement au lieu de cela, la haine s’est installée dans les cœurs parce que satan est le prince de
ce monde. En effet, malgré que Jésus, notre Sauveur et notre Maître a vaincu cet ennemi, il reste un
prince détrôné mais encore actif là où on lui ouvre les portes. Pour cette raison, parce que Dieu, le
créateur n’est pas craint et aimé, les crimes, les assassinats, les guerres, la sorcellerie, les vols et toutes
sortes de mauvaises actions contre les êtres vivants gagnent du terrain. Même dans notre église, l’amour
que Jésus exige manque et nous sommes aujourd’hui prêts à détruire l’Eglise Evangélique du Cameroun
à cause des luttes pour le pouvoir du sommet jusqu’à la base. Même dans les groupes, l’amour n’est pas
la chose la mieux partagée. Les conflits éclatent partout et même pour les vétilles comme la jalousie, les
divisions. Nous nous disons frères et sœurs mais où est l’amour parmi nous ? Nous nous saluons à
l’intérieur du temple et on se dit même parfois des tas de choses, mais dehors nous ne nous saluons
même pas lorsque nous nous croisons.
« Aimez-vous les uns les autres : comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les
uns les autres. » l’amour ne s’arrête pas à de simples sentiments d’affection mais c’est une attitude qui
se révèle dans l’action. On fait quelque chose pour prouver à quelqu’un qu’on l’aime. Si nous nous
engageons à aimer nos prochains comme Christ nous a aimés, nous devons le leur prouver par des
gestes multiformes : leur proposer notre aide lorsqu’ils en ont besoin et nous devons être prêts à le faire
lorsque cela nous dérange ; nous devons être prêts à aider des frères dans le besoin, même lorsque cela
nous fait mal.
Aimer comme Jésus a aimé c’est être capable de consacrer notre énergie au bien-être des
autres même si cela va jouer négativement sur notre confort. Aimer de l’amour de Jésus c’est être
capable d’accepter les offenses sans nous plaindre et sans nous venger. Je suis sûr qu’il est difficile
d’aimer de cette manière là. C’est pour cette raison que notre entourage remarque cet amour et tout
naturellement, il s’interroge et peut venir à Christ quand il aura compris que c’est lui qui est la source du
pareil amour. Malheureusement, même dans plusieurs foyers des chrétiens de Tamdja, des conflits
abondent et maris et femmes se comportent en ennemis. Pourtant le dimanche de sainte-cène ils courent
ensemble ici au temple pour communier à la même table. Savez-vous qu’on ne doit pas prendre le repas
du Seigneur avec dans son cœur une guerre en cours ?
Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, je suis un
airain qui résonne, ou une cymbale qui retentit.
Et quand j’aurais le don de prophétie, la science de tous les mystères et toute la connaissance,
quand j’aurais même toute la foi jusqu’à transporter des montagnes, si je n’ai pas la charité, je ne suis
rien.
Et quand je distribuerais tous mes biens pour la nourriture des pauvres, quand je livrerais même
mon corps pour être brûlé, si je n’ai pas la charité, cela ne me sert de rien. La charité est patiente, elle est
pleine de bonté, la charité n’est point envieuse, la charité ne se vante point, elle ne s’enfle point d’orgueil,
elle ne fait rien de malhonnête, elle ne cherche point son intérêt, elle ne s’irrite point, elle ne soupçonne
point de mal, elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité, elle excuse tout, elle
croit tout. La charité ne périt jamais (1Cor 13). Amen
Une prédication du Rev . TENEFOPA Mathieu