Textes : Psaume 103 Genèse 5.15-21 Romains 14.7-9 Matthieu 18.21-35. « Seigneur, combien de fois pardonnerai-je mon frère quand il aura péché contre moi ? Est-ce jusqu’à sept fois ? Jésus lui répondit : je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à septante fois sept. C’est ainsi que mon père céleste vous traitera, (vous livrera aux bourreaux), si vous ne pardonnez à votre frère de tout votre cœur. » Matthieu 18.21-22, v35.
Bien-aimés frères et sœurs en Christ, mesdames et messieurs, sentez-vous accueillis à ce rendez-vous avec le Seigneur, le ressuscité, l’adorable. L’existence humaine, allant de la naissance à la mort, passant par la procréation, est une chaine de transmission et de réception, une courroie de solidarité. En effet, nul ne vit pour lui seul et nul ne meurt pour lui-même. Dans le vivre ensemble, les erreurs sont possibles, les fautes peuvent être commises, les frottements peuvent surgir, les péchés peuvent se multiplier, les offenses peuvent abonder. Le seigneur Jésus engage Pierre en particulier et ses disciples en général à toujours pardonner de tout cœur. Un regard plus attentif sur le texte de Matthieu 18.21-35 nous permettra de scruter les contours du pardon. Notre péricope est une suite logique de l’envoi des disciples en mission par Jésus : « aller reprendre le frère qui a péché », le ramener à la repentance, afin qu’il cesse d’être un danger pour lui-même, pour la société et pour l’Église. Une fois revenu de son égarement, dépouillé de ses péchés, le pécheur repentant sera utile à tous, glorifiant Dieu son créateur. Á ce titre, le roi David se rassure : « Mon âme, bénit l’Éternel et n’oublie aucun de ses bienfaits ; c’est lui qui pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies, qui couronne ta vie de bonté ». Contrairement au roi David, la question de Pierre dénote à suffisance qu’il oublie ou qu’il néglige le projet de Dieu. « Combien de fois pardonnerai-je à mon frère quand il aura péché contre moi ? Est-ce jusqu’à sept fois ? » ; Pierre de prime à bord voudrait mettre un compteur de péchés pour évaluer la gravité du tort qu’il subit, Pierre cherche une caméra de surveillance pour épier de jour comme de nuit les souillures du frère et le passer au bucher s’il franchit le rubicon, s’il traverse les limites. Pierre est prêt à avoir recours à son épée, à user de la vengeance et de la violence comme par le passé ; ne sommes-nous pas comme lui, prompts à nous confier à la chair ? Pire encore pour Pierre, son moi subjectif rejette le prochain et Dieu. Pierre se met au centre de son existence et même s’il prend Jésus pour Seigneur, ce n’est que pour se faire passer pour victime afin de s’ériger en juge. Erreur ! Le plan de Dieu, à savoir que ce n’est pas la volonté du divin père de perdre un seul des petits ou des pécheurs. Mat 18.14. Plus encore, là où deux ou trois sont assemblés au nom de Jésus, il est au milieu d’eux pour accorder le pardon et disposer chacun à pardonner. Jésus recommande à Pierre de pardonner 70 fois 7, soit 490 par jour, comme pour dire il doit toujours pardonner au point de susciter la repentance du frère qui a péché. Pardonner c’est accorder le pardon d’une faute commise, ne garder aucun sentiment d’une injure reçue, d’un rejet subi ; Pardonner c’est excuser, supporter, tolérer, épargner quelqu’un des conséquences de sa faute ou de son péché. L’homme étant un être social, les relations humaines à tous les niveaux entre parents et enfants, enseignants et apprenants, malades et personnels soignants, vendeurs et acheteurs, Nord et Sud, employés et employeurs, transporteurs et voyageurs, toutes les relations humaines peuvent être entachées d’erreurs de malentendus, de fautes voire même de péchés, mais si comme l’illustre la parabole du serviteur impitoyable, chacun se refuse d’être un serviteur méchant, il pourra avec l’aide du Seigneur Jésus pardonner à son frère. Etant donné que si les chrétiens vivent, ils vivent pour le Seigneur et s’ils meurent, ils meurent pour le Seigneur, étant toujours au Seigneur, il les rendra capables de pardonner. Comme l’a si bien écrit l’auteur chrétien Samuel AFZAKONDIAN, « le pardon est une puissance qui libère » ; plus près de nous Marie André TALLA en chantant s’étonne de ce que « le militaire jette les armes parce que la guerre est rude, l’infirmier démissionne parce que les plaies sont puantes et le prêtre fuit le temple à cause de nombreux péchés ». Jésus s’étonne de ce que Pierre dans son état de disciple soit incapable de pardonner, de vivre l’essence même de ma mission. Mon frère, ma sœur, chaque jour, tu dois relever le défi de pardonner à ton frère, à ta sœur de tout ton cœur. Pardonner consistera à servir la paix avec l’aide du Prince de Paix, malgré les outrages et les guerres que l’on peut subir de la part des autres ; pardonner reviendra à être un acteur du royaume de Dieu, porteur de lumière même si les ténèbres semblent couvrir notre ciel avec la complicité des autres ; pardonner offrira la joie du salut, malgré les tristesses multiformes que nous avons autour de nous. Plus que jamais nous devons surmonter le moi et toujours pardonner aux hommes de tout notre cœur avec l’aide du Seigneur Jésus–Christ. Amen Une prédication du Rev NGUEUTE David